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Mon actualité d'auteur, mes textes, mes coups de coeur, mes coups de gueule, tout ce que j'aurai plaisir à vous faire partager !

L'école de chant

Un petit jeu d'écriture sur le thème : développer une histoire autour du sigle S. E. L . Impossible de traiter le sujet avec sérieux !

 

L’annonce avait été publiée dans le canard local et j’avais trouvé une affichette publicitaire dans ma boîte aux lettres. J’hésitai puis décidai d’aller faire un tour à « S.E.L, école associative de chant, ambiance amicale, tarifs compétitifs, inscriptions à compter du 20 mars, 12 rue Charcot. »

 J’avais, me disait-on, un joli brin de voix. Pourquoi ne pas me perfectionner ?   Et puis le sigle, S.E.L, m’intriguait.

Nous nous retrouvâmes une douzaine d’hommes et de femmes pour le premier cours dans un rez de chaussée sommairement meublé de quelques chaises et d’un piano. La diva façon Marianne James qui avait pris mon chèque, accompagnée d’un crooner genre Dany Brillant, répéta les alléchantes précisions données lors de l’inscription. Non seulement nous formerions un groupe musical, aurions des répétitions deux fois par semaine, mais la cerise sur le gâteau serait un spectacle de fin d’année, sorte de petite comédie musicale écrite par les deux professeurs, Solène et Landry. Je réfléchis un moment puis tout à coup la lumière jaillit dans mon esprit, et les mots de ma bouche. « Solène et Landry », S. E.L ! Ils éclatèrent de rire tous les deux. Puis Solène reprit très sérieusement.

– Il importe d’être assidu. On ne vient pas à S.E.L en touriste.

J’étais conquise. Deux soirs par semaine, dès le repas  terminé, je m’éclipsais. À mon père qui s’inquiétait de ce départ précipité, je répondis, la première fois :

– Je file à SEL. Si je ne vais pas à SEL régulièrement...

– Tu risques l’occlusion intestinale, ma fille !

Plaisanterie qui me fit rire jaune d’autant qu’il ajouta que courir jusqu’à la rue Charcot était excellent pour mon transit. Pire, à grand-père, dur d’oreille, il hurla que je prenais des cours de chant chez madame SEL. Et papy rétorqua qu’il ne fallait pas se moquer des patronymes et qu’il avait connu une excellente actrice nommée Annette Poivre.

Les répétitions se succédèrent avec des hauts et des bas. Solène était exigeante. Lorsqu’elle nous fit reprendre cinq fois le même passage de Milord, « Ras le bol », fit celle qui s’entêtait à y glisser une fausse note. Une sixième reprise mit celle qui avait toujours peur de rater son bus dans un état de fureur extrême.

Au fil du temps, l’ambiance se détériora. Certains élèves contestaient le choix des chansons. Muriel aurait voulu interpréter du Brel : Landry objecta que Brel ne faisait pas partie de l’univers SEL. « Et c’est quoi l’univers SEL ?» rit un autre mécontent. De mon côté, je n’aurais pas été contre un peu de musique sacrée, celle qui donne le frisson. Quant à Mona, celle qui vénérait France Gall, elle réclamait en vain Babacar. Beaucoup donc clamèrent : « Il faut que l’on varie, c’est l’important ! »

Il y eut des défections : SEL le mardi, reSEL le jeudi, c’était trop.

Parallèlement, les relations entre le couple de dirigeants se pimentèrent de désaccords. Solène reprochait à Landry son retard dans l’écriture de la comédie musicale. Nous ne serions jamais en selle pour le spectacle de fin d’année. Je doutai moi aussi que SEL y mène. Landry haussa les épaules. Lorsqu’un soir, Solène nous annonça que son association avec Landry était rompue, l’inquiétude gagna les rangs. « On devient quoi ?"claironna l’énervée, celle qui carburait à l’expresso.

Solène nous rassura. Son ami Xavier remplacerait Landry. L’association changerait simplement de sigle. Solène et Xavier : mon sang ne fit qu’un tour. Ce serait mon dernier cours !

 

 

 

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P
Nouvelle agréable qui fait passer un bon moment. Merci Danielle.
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