LE BUNKER Alain Emery

  Le bunker Alain Emery, cinquième témoignage sur le thème de l'enfermement

Un bunker à l’atmosphère très particulière puisqu’on y sent poindre et s’affirmer au fil des pages sinon l’optimisme mais l’espoir voire la certitude d’une forme de bonheur. Bien sûr, il y a ceux qui baissent les bras, se lamentent ou se réfugient dans la prière larmoyante, ceux qui meurent d’épuisement. Mais il y a surtout deux personnages attentifs à maintenir le moral des « bunkerisés ». Le premier, San Marco, écrivain, génial conteur, jamais à cours d’inspiration, fascine son auditoire en lui narrant des aventures riches en péripéties qui le dépaysent, l’emmènent au-delà des mers dans des contrées inconnues, l’émeuvent. Celle du violoniste de talent, par exemple (mais je vous laisse découvrir la magie de cet épisode). Sont-elles vraies ces histoires ou naissent-elles de l’imagination délirante de San Marco? Peu importe puisqu’elles font du bien, remplissent une mission.

Le second personnage, c’est le narrateur à qui San Marco passe le flambeau. Des souvenirs anciens lui reviennent à l’esprit et sous la plume. Il a compris le message et le reprend à son compte : il faut écrire, il faut conter, transmettre parce qu’écrire, conter, transmettre, c’est rester digne, debout, faire barrage à la mort.

« Pour ceux qui viendront après nous, s’ils viennent, nous creusons un simple sillon, une minuscule encoche dans l’éternité : nous tentons de laisser une trace de notre passage. »

« Malgré tout, aussi fou que cela puisse paraître, je suis heureux. »

Le bunker d’Alain Emery, un récit qui fait du bien.