Un baiser sur ton front glacé

19.09.2011

Un baiser sur ton front glacé j’ai déposé
Viel ami de toujours qui vient de nous quitter.
Je l’ai donné pour lui, qui ne l’a pas osé
Entre hommes ça ne se fait pas de s’embrasser.

Lui il t’a regardé, larmes aux yeux, tremblant,
Sans doute de vos jours anciens se souvenant
De vos conversations terminées en riant
Du temps où vous étiez tous les deux plus fringants.

Tu arrivais chez nous, on ne t’attendait pas
Tu quittais tes chaussures, on disait : « Ça va pas ! »
Assis autour d’un verre, vous parliez de là-bas
De ce pays où vous ne retourneriez pas.

De vos conciliabules j’étais vite exclue
La langue de chez vous reprenait le dessus
J’en ai souri, ne vous en ai jamais voulu
Ils vous rendaient heureux ces échanges de vue.

« Il faut que je m’en aille". Vingt fois tu te levais,
Reprenais ton discours, vingt fois te rasseyais.
Les nouvelles des enfants, vous aviez oublié,
Et puis ce conseil que tu voulais demander…

Nous ne te verrons plus mais garderons l’image
De la sérénité qui baignait ton visage.
Plus trace de souffrance, apaisée notre rage
D’apprendre que tu partais pour le grand voyage.

Pour ton ami ton frère, ce n’est qu’un au-revoir
Pour moi c’est un adieu, ma foi, allez savoir.
Mais tout ce que je sais, c’est que déjà ce soir
Ton vieil ami, ton frère cache son désespoir.

Je prendrai soin de lui, ne sois pas trop inquiet
Sa colère, son chagrin, je saurai soulager.
J’en ai fait la promesse quand le cœur serré
Un baiser sur ton front glacé j’ai déposé.